Les limites et les fêtes en famille :

Outils Kidpower pour protéger les limites des enfants
– et aider nos proches à le faire aussi

Pour la protection des enfants durant les fêtes, il faut les aider à rester en sécurité physique et émotive. Nous pouvons les guider à bien exprimer leurs limites et les aider à les protéger face à la famille et les proches.

Malgré la complexité des dynamiques familiales et de nos sentiments, il est possible de soutenir nos enfants dans leur interactions. Nous pouvons valider et renforcer leurs limites, assurer leur sécurité et les aider à tirer du bonheur de leurs échanges.

Tranche de vie d’Erika

L’un de mes plus beaux souvenirs d’enfance remonte à mes huit ans, lorsque mon oncle, un surhomme à mes yeux que je ne voyais que trop rarement, se mettait à me chatouiller. Après m’être extirpée de ses guiliguilis pour reprendre mon souffle, je retournais encore et encore me faire chatouiller. J’étais absolument ravie qu’il s’assoie par terre avec nous, comme un enfant. Qu’il passe réellement du temps en compagnie de mon frère et moi. J’ai adoré chaque instant avec lui et je lui suis reconnaissante pour tous les bons souvenirs que j’en ai gardé.

Pour beaucoup d’entre nous – et certainement pour bien des enfants – la période des Fêtes est marquée par bien des attentions et échanges qui passent par des contacts physiques variés : accolades, bisous, câlins, chatouilles, chamailles et danses. Caresser les cheveux d’un enfant, lui tenir la main ou le prendre dans ses bras sont des actions qui peuvent contribuer à se rapprocher de ceux qu’on aime. Partager des histoires ou poser des questions permet aussi de renouer avec des personnes chères durant cette période de festivité.

Les enfants s'épanouissent mieux lorsque les marques d'affection sont à la fois le choix de chaque personne, sécuritaires, permises par ses adultes et qu'elles ne sont pas un secret.

Les enfants s’épanouissent mieux lorsque les marques d’affection sont à la fois le choix de chaque personne, sécuritaires, permises par ses adultes et qu’elles ne sont pas un secret.

Pourtant, à l’occasion, le toucher et l’attention sont aussi une source d’irritation, d’envahissement, d’offense, voire de grand chagrin. Il arrive qu’en quantité, le toucher et l’attention durant les Fêtes puissent nous submerger. Certaines personnes ont alors l’impression que leur espace personnel se désagrège ou que les autres ne s’en préoccupent pas. Il arrive que nous nous sentions irritable, en colère, triste ou déprimé. Ce ne sont pas des expériences que nous souhaitons faire subir à nos enfants. Toutefois, nous pouvons prendre certaines précautions pour protéger les limites et la sécurité de nos enfants lors de réunions familiales.

1. Connaissez les besoins de votre enfant et soyez prévoyant

De nombreux enfants sont timides en groupe ou lorsque de la famille ou des amis sont en visite. Ils peuvent avoir besoin de temps pour se montrer souriants ou peu enclins à donner ou à recevoir des câlins. Vous pouvez vous tenir prêt à intervenir joyeusement dans la conversation lorsqu’une amie questionne votre enfant de cinq ans sans s’apercevoir qu’il ne semble pas parvenir à lui répondre, submergé qu’il est par son attention.  Aidez à rediriger cette attention vers un autre intérêt. Par exemple, le sapin décoré, les hors d’œuvres, le match à la télé, ou parlez-lui de tout et de rien. Prévoyez du temps pour que votre enfant s’exerce d’avance et avec succès. Pratiquez-vous de manière appropriée à son âge pour l’aider à développer sa capacité à rediriger les adultes enclins à lui pincer la joue, par exemple.

Pour assurer la sécurité émotionnelle et physique de votre enfant, il faut l’aider à développer des compétences lui permettant non seulement de savoir comment agir en présence de personnes qu’il connaît bien, mais également en présence d’inconnus. Si votre enfant extraverti disparaît subitement parmi une foule d’inconnus lors d’une fête, ou s’il prend plaisir à accompagner vos convives à sa chambre, vous pourriez vous sentir choqués ou inquiets. D’un ton ferme et d’humeur joyeuse, définissez clairement à l’avance les limites à ne pas franchir.

Exemples de limites à mettre en place avant une fête avec votre enfant :

« Nous allons recevoir beaucoup d’inconnus à cette fête. J’espère que tu t’amuseras bien! Tu peux parler avec qui tu veux à l’intérieur de la maison. Par contre, vient me demander la permission d’abord avant d’aller dans la cour. »

Ou encore,

« C’est au rez-de-chaussée que nous allons recevoir nos convives ce soir. Si tu as envie de montrer – ou si on te demande de montrer – quelque chose dans ta chambre, tu dois venir me le demander avant de pouvoir monter. »

Développer les limites saines des enfants commencent par leur donner le choix d'accepter ou de refuser des marques d'affection.

Développer les limites saines des enfants commencent par leur donner le choix d’accepter ou de refuser poliment de donner/recevoir des marques d’affection.

2. Intervenir pour venir en aide à son enfant

Montrez à votre enfant à affirmer clairement et respectueusement ses limites, en exprimant vous-même vos propres limites, clairement et respectueusement. Soyez prêt à vous faire dire « Je n’ai pas envie d’un câlin en ce moment ». Il devrait pouvoir s’attendre à ce que vous respectiez sa limite. Tandis que vous pouvez aussi lui dire « Ne saute pas sur moi en ce moment » et vous attendre à ce qu’il respecte votre limite.

Toutefois, même si votre famille encourage le respect des limites claires et polies, votre entourage ne saura pas toujours les reconnaître. Il pourrait en faire fi ou même s’en sentir offusqué. Votre enfant pourrait avoir besoin de votre appui pour protéger ses limites.

Vous pourriez, par exemple, voir votre enfant se faire chatouiller par un oncle tout en le suppliant d’arrêter. Bien que vous puissiez vous sentir mal à l’aise d’intervenir ou d’offusquer l’oncle en question, la sécurité et l’estime de votre enfant dépend fréquemment de l’intervention active d’un autre adulte.

Une solution consisterait à annoncer gaiement, mais fermement: « Ho là ! Fin du jeu ! Je l’entends te dire ARRÊTE. »

Ensuite, aidez votre enfant à retrouver son espace en lui demandant son aide dans une autre pièce de la maison.

3. Adopter une attitude proactive pour promouvoir la sécurité chez les enfants

Si vous savez que certains proches peuvent agir sans réfléchir, il est parfois possible de rendre ces interactions plus constructives. Parlez-en d’avance et en termes positifs avec votre enfant tout en mettant en pratique des plans appropriés à son âge.

Exemples de plan de sécurité physique et émotif à exercer avec nos enfants :

« Chaque année, Mamie semble beaucoup vouloir te tester en lecture et en maths. Et j’ai l’impression que tu n’y prends pas tellement plaisir. Crois-tu que ça serait une bonne idée de la distraire si elle le refait ? »

Aidez votre enfant à trouver des façons de la distraire. Et exercez les d’avance ensemble. Par exemple : « Grand-maman, quel était ton livre préféré lorsque tu étais enfant ? » ou à rediriger physiquement son attention sur autre chose « Grand-maman, viens. J’aimerais te montrer… »

Ou encore:

« Ton oncle semble aimer se chamailler avec toi. J’ai l’impression qu’il pense que c’est une bonne façon de se rapprocher de toi. C’est une bonne façon si toi aussi tu aimes cela. Quand tu n’en as plus ou pas envie, comment pourrais-tu faire pour lui montrer une autre façon d’être ensemble ? »

Faites-le s’exercer à dire : « Je n’ai pas envie de me chamailler. Mais j’aimerais bien jouer au basket avec toi. » Puis, à s’éloigner tout simplement pour aller chercher le ballon.

En offrant des occasions de s’exercer, nous enfant bâtit sa confiance dans ses limites et ses compétences. Avec un peu de prévoyance, de pratiques et du soutien dans l’action pour les épauler lorsque nécessaire, nous pouvons l’aider à développer sa confiance en sa capacité d’agir pour sa propre sécurité. En même temps, nous l’aidons à avoir des interactions plus plaisantes avec les proches durant la période des Fêtes.

Pas certain.e de QUOI dire ou COMMENT pratiquer ?

Auteure : Erika Leonard, Directrice des programmes, Kidpower Californie
Traduction gracieuseté : Catherine Zekri, traductrice agréée
Adaptation et révision : Marylaine Léger, Directrice du centre, Kidpower Montréal
Titre original : Holiday Boundaries: Kidpower Tools for Protecting Children’s Boundaries and Helping Others Do the Same

Copyright © 2012 à présent. Une publication Kidpower Teenpower Fullpower International. Tous droits réservés.

Article publié en anglais : 3 mars 2012   |   Dernière mise-à-jour : 9 décembre 2016 |   Lire la version originale anglaise
Article publié en français : 1e décembre 2015 |   Dernière mise-à-jour : 18 décembre 2019