Conçus avec soin, les ateliers d’auto-défense peuvent être passionnants, favoriser l’autonomie, et être un élément transformateur dans la vie d’une personne. Mal construits, ils peuvent être ennuyeux, décourageants et destructeurs. La qualité du programme et l’approche de l’instructrice ou de l’instructeur font une énorme différence dans les résultats de tout type de formation. L’auto-défense n’y fait pas exception. 


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Un bon programme d’autoprotection inclut aussi des exercice pour poser des limites efficaces avant qu’une situation devienne une urgence.

Voici 7 questions à se poser pour s’aider à évaluer un programme ou un atelier en auto-défense :

Les meilleurs programmes visent à enseigner une gamme d’habiletés de sécurité permettant d’être attentif, de prendre en main son espace personnel, d’obtenir de l’aide, de fixer des limites avec son entourage, de désamorcer des conflits ainsi que d’aider à garder son calme et faire des choix sécuritaires plutôt que de réagir fortement lorsqu’un problème important survient. Les habiletés en auto-défense physique sont, quant à elles, enseignées dans l’optique où elles sont un choix de dernier recours, lorsque toutes les autres options pour s’en sortir de manière sécuritaire, sans avoir à se battre, ont été épuisées.

Recherchez les programmes qui mettent l’accent sur les habiletés à acquérir plutôt que sur les raisons qui motivent leur apprentissage. Gardez en tête que, pour des ateliers visant les jeunes, les enfants peuvent être profondément marqués par les histoires effrayantes et les événements tristes qui sont arrivés à d’autres enfants. Les enfants apprennent mieux lorsque leur enseignant adopte une attitude calme et factuelle. Cette attitude démontre avec plus de clarté qu’ils sont capables la plupart du temps de se protéger à l’aide de quelques actions faciles.

Recherchez les programmes basés sur des recherches issues d’une grande variété de domaines, y compris la santé mentale, l’éducation, la prévention du crime, les aspects légaux et les arts martiaux.

Recherchez des témoignages de participants réels et des appuis provenant d’organisations crédibles.

Recherchez des programmes qui sont prêts à reconnaître publiquement ce qu’ils ont appris des autres plutôt que ceux qui se vantent d’avoir inventé « la meilleure et seule façon d’apprendre l’auto-défense authentique ».

Méfiez-vous des programmes qui donnent des réponses simplistes et absolues telles que « Si vous portez une queue de cheval, vous êtes très susceptibles d’être agressées » ou « Si vous vous entraînez avec nous, vous n’aurez plus jamais peur ».
Vous, de même que les enfants et adolescents dans votre vie, méritez d’avoir des enseignants aidants plutôt que décourageants. Les bons enseignants ne font pas de remarques négatives sur leurs élèves ni sur qui que ce soit et ne permettent pas aux autres de le faire, même pour plaisanter.

Recherchez des enseignants qui savent agir à la fois avec fermeté et respect lorsqu’ils posent des limites avec des participants qui détournent l’attention du groupe.

Les meilleurs enseignants sauront adapter leur plan de cours afin de répondre aux besoins de leurs élèves plutôt que d’avoir une approche normalisée et rigide. Les jeux de rôles, les démonstrations et les exercices d’habiletés devraient être réalisés pour répondre à des situations que les participants sont susceptibles de rencontrer. La manière dont un élément est présenté devrait être dans des termes qui sont porteur de sens pour chaque personne du groupe. Par exemple, au lieu de dire à un participant aveugle de regarder un agresseur potentiel, un enseignant qui sait s’adapter dira quelque chose comme, « Tournez votre visage vers cette personne afin qu’elle sache que vous êtes conscients qu’elle est là. »

Les bons enseignants sauront écouter vos préoccupations en reconnaissant que vous faites preuve de courage en les mentionnant plutôt qu’en les recevant avec une attitude défensive. Lorsque c’est possible, ils sauront changer ce qu’ils font pour rendre le cours plus profitable pour vous. À tout le moins, ils sauront expliquer leurs raisons derrière leur méthode ou leur pratique et pourquoi ils ne peuvent répondre à vos souhaits.
En général, les gens se souviennent davantage de ce qu’ils ont vu que de ce qu’on leur a dit. Ils sont davantage susceptibles de savoir refaire ce qu’ils ont eux-mêmes pratiqué que ce qu’ils se sont fait montré ou se sont fait dire de faire.

Recherchez des programmes qui utilisent davantage des démonstrations que des explications ainsi que les programmes qui fournissent beaucoup d’occasions d’apprendre dans l’action les notions et les habiletés présentées.
Il peut être nocif pour la sécurité émotive et physique des participant.e.s si elles ont l’impression qu’elles échouent lorsqu’elles essaient d’apprendre des habiletés d’autoprotection. Un apprentissage qui mise sur la réussite signifie que les élèves sont guidés tout au long de leur apprentissage et ce, de manière très positive. Les pratiques évoluent de façon graduelle en débutant au niveau où se situe réellement chaque élève. Le succès se définit plutôt en fonction du progrès de chaque individu qu’en se référant à une norme ou un standard défini par l’enseignant.e. Les participant.e.s sont guidé.e.s tout au long de l’exécution de leurs exercices afin de les aider à les réaliser le mieux possible. Ils reçoivent du feedback qui les aide à s’améliorer, dans un climat qui communique le principe que « les erreurs sont normales ; elles font partie du processus d’apprentissage ».

Les pratiques doivent être adaptables aux capacités et situations de vie de chaque personne.

Les arts martiaux, tout comme les autres activités avec des mouvements interactifs tels que les sports et la danse, peuvent être merveilleux pour développer sa confiance en soi, son tempérament et sa condition physique. Toutefois, dans le domaine de l’enseignement des habiletés de sécurité personnelle, l’approche de la plupart des arts martiaux est comparable aux mesures de soins de santé qui font partie d’une pratique de prévention à long terme.

L’auto-défense concrète se compare davantage à la médecine d’urgence. L’auto-défense enseigne, en quelques heures, des habiletés hautement centrées sur la prévention de l’intimidation, du harcèlement, des enlèvements, des agressions et des abus par des personnes inconnues et connues.
Lorsqu’une personne a déjà vécu un traumatisme, peu importe lequel, cette expérience lui a retiré son pouvoir. Offrir, à des personnes ayant survécu à de la violence ou de l’abus, qui vivent avec des limitations, ou qui relèvent tout autre défi de vie difficile, un programme qui est émotivement sécuritaire, pertinent, et qui favorise leur réussite tout en leur permettant d’agir concrètement et utiliser leur esprit, leur corps et leur voix sont des principes au coeur des bonnes pratiques d’un programme sensible aux traumatismes vécus (“Trauma Informed”).
Votre outil le plus important pour choisir un bon programme d’auto-défense est celui d’agir en fonction de votre intuition, sans que celle-ci soit arrêtée par des sentiments de confusion ou par des craintes. Il peut être difficile de définir clairement vos besoins ou ceux de vos enfants lorsque vous êtes bombardés par des conseils, parfois contradictoires provenant d’experts. Si quelqu’un agit d’une manière qui vous semble louche ou encore qu’elle vous semble dans l’erreur, même si vous ne pouvez pas justifier logiquement votre sentiment, quittez plutôt que de rester dans une situation potentiellement négative. Continuez vos recherches jusqu’à ce que vous trouviez le type de programme qui répond, à votre satisfaction, aux questions ci-haut.

Que vous recherchiez un atelier d’auto-défense ou une autre formation importante, portez attention à vos sentiments d’inconfort vis-à-vis des méthodes ou de l’approche prônée, peu importe qui ou combien de personnes vous l’ont vivement conseillée, et peu importe l’appréciation que vous avez pour l’individu qui enseigne. Des personnes, souvent très bien intentionnées et fort calées en la matière, peuvent enseigner en se concentrant sur ce qui peut mal aller plutôt qu’aider leurs élèves à s’exercer avec compétence. Rappelez-vous : ce que les programmes font dans le concret en dit davantage que ce que leur documentation ou leurs représentants disent qu’ils feront.
Ryan, instructeur en armure Fullpower, exerçant la position prête de dos avec une participante

Des pratiques qui sont concrètes, réalistes, émotivement sécuritaires et qui favorisent la réussite sont toutes des clés importantes d’une approche d’empowerment.

En conclusion

Des connaissances en autoprotection sont aussi essentielles à la sécurité des adultes qu’à celle des enfants et un bon programme en autoprotection peut grandement faciliter cet apprentissage.

Dans tous les centres de Kidpower Teenpower Fullpower International, nous faisons de notre mieux pour maintenir des standards de qualité très élevés dans nos programmes. Vous nous rendrez un grand service si vous nous dites lorsque nos actions ne sont pas conforment à cet engagement.

Copyright © 2012 – à ce jour. Une publication Kidpower Teenpower Fullpower International. Tous droits réservés.

Article publié en anglais : 9 mars 2012   |   Dernière mise-à-jour : 1e avril 2017 |   Lire la version originale anglaise
Article publié en français : 27 novembre 2015 |   Dernière mise-à-jour : 4 juillet 2018


À propos de l’auteure

Irene van der Zande
Fondatrice et directrice générale
Kidpower Teenpower Fullpower International

Fondatrice et directrice générale de Kidpower International (fondé en 1989), Irene van der Zande est passée maître dans l’art d’enseigner la sécurité à l’aide d’histoires et d’exercices pratiques ainsi que dans l’art d’inspirer d’autres à faire de même. Son expertise en matière de protection de la jeunesse et de l’éducation de la sécurité personnelle en général a été mis en lumière dans de nombreux médias : USA Today, CNN, Today Moms, LA Times et The Wall Street Journal.

À propos de la traduction

Gracieuseté de Laurence Hablani, bénévole pour Pleins Pouvoirs depuis plusieurs années.

À propos de la révision

Marylaine Léger
Directrice du centre québécois, Pleins Pouvoirs tous – Kidpower Teenpower Fullpower

Directrice des projets spéciaux, Kidpower Teenpower Fullpower International

Marylaine Léger est aussi sexologue, membre de l’OPSQ et oeuvre dans le domaine de la prévention de la violence depuis 1992. Elle travaille avec Irene depuis 25 ans pour soutenir le développement de Kidpower et de ses programmes, tant au Québec qu’à l’international. Marylaine a fait de l’éducation à la sécurité et la prévention de toutes formes de violence non seulement sa spécialisation professionnelle mais aussi sa cause personnelle.

Marylaine Léger est aussi sexologue, membre de l’OPSQ et oeuvre dans le domaine de la prévention de la violence depuis 1992. Elle travaille avec Irene depuis 25 ans pour soutenir le développement de Kidpower et de ses programmes, tant au Québec qu’à l’international. Marylaine a fait de l’éducation à la sécurité et la prévention de toutes formes de violence non seulement sa spécialisation professionnelle mais aussi sa cause personnelle.

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